176 pages, 21 euros
ISBN 978-2-35748-091-9

Simone Weil. Philosophie, mystique, esthétique

Les cahiers de philosophie de l’Institut français de Budapest

Gizella Gutbrod, Joël Janiaud, Enikő Sepsi (dir.)

Série dirigée par Miklos Vető

Dans de nombreux pays, on lit Simone Weil avant tout comme penseur politique et social ; toutefois, cette philosophe n’a jamais cessé d’être une disciple des penseurs classiques de l’Occident qu’elle réintègre dans une doctrine métaphysique et morale, nourrie par l’expérience spirituelle, formulée selon les termes des enseignements fondateurs du christianisme. La philosophie weilienne est de facture très classique : exposée dans des textes restés fragments, elle ne forme pas moins un ensemble de doctrines qu’unifie une intuition morale de portée proprement métaphysique. Cet esprit généreux, inspiré par le désir du service du prochain, considère l’obéissance, l’humilité, la pauvreté comme autant de principes de toute doctrine sur l’homme et sur le monde. La prescription de l’obéissance, de l’humilité, de la pauvreté traduisent une conception du moi qui, ayant une condition métaphysique illégitime de centre du monde, est appelé à renoncer à soi, à s’abandonner. Bref, créature jouissant d’une position usurpée de centre, il ne réalise sa vérité que par la décréation. La décréation ramène le moi à la condition qui lui est propre d’un point de vue moral aussi bien que métaphysique. La reconnaissance de notre néant, la réalisation conceptuelle aussi bien qu’effective de ce non-être, de cette non-valeur que nous sommes n’est pas néanmoins source d’un ascétisme stérile ; elle n’a rien à voir avec un régime d’anorexie métaphysique. La décréation met fin à la prétention d’un individu de compter plus que tout autre, de valoir comme une fin en soi exclusive et elle ouvre la voie devant la compréhension profonde et la pratique véritable de l’éthique et de l’esthétique.