La Féroce Ignorance
Religion, Radicalisation, Mouvements d’émancipation 1
Ouvrage coordonné par Thierry Lamote
Freud, dans sa critique sévère de la religion, répertoria ses effets nocifs sur les subjectivités puisqu’elle réduit la curiosité intellectuelle, dont les racines sont sexuelles, favorisant l’éclosion des névroses. Il en vint néanmoins à reconnaître deux traits essentiels propres au(x) monothéisme(s), qui paraissent propices à l’émergence du sujet critique.
Le premier trait procède de son hypothèse selon laquelle l’identité des Juifs se fonde sur Moïse, qui était égyptien : cet écart, repéré à l’origine du monothéisme, inscrit un point d’altérité dans l’intimité de l’identité subjective (c’est l’autre, dans son irréductible altérité, qui m’assure de mon identité). Le second trait est lié à la « promotion du lien paternel » (Lacan, 1960) propre au monothéisme : la fonction paternelle implique en effet un saut hypothético-déductif, autrement dit un premier pas épistémique, puisque le père échappe aux évidences du lien maternel. Il est ainsi possible de déduire de Freud que ce sont ces deux écarts – interne et externe au sujet – qui ouvrent des perspectives critiques au cœur des deux religions monothéistes étudiées par Freud et Lacan, l’Eglise catholique et le judaïsme. Qu’en est-il des autres religions ? Sous le mode d’un dialogue entre la psychanalyse et les autres disciplines des humanités, le présent ouvrage propose de répertorier l’écheveau de mutations qui ont affecté, au long de l’histoire et plus particulièrement dans période contemporaine, les religions, le lien social et le sujet qui s’y loge, de façon à tracer des pistes de réflexion quant à ce qu’il est advenu du sujet critique et du projet d’émancipation porté par la modernité. |