Des jardins autres
Paolo Alexandre Néné et Sarah Carmo (dir.)
L’extension des villes, la dissolution de leur espace et le phénomène de périurbanisation font du jardin une composante du paysage urbain de plus en plus convoitée. Perçu très souvent comme une bouffée d’air permettant d’échapper à des espaces citadins de plus en plus violents, il est une donnée relationnelle importante à partir de laquelle on pense les villes de demain. S’il y a bien, avec la création de nouveaux jardins, un mouvement de conversion, une spatialisation neuve – une ouverture – du site qui se voudrait plus harmonieuse, plus humaine, en phase avec la nature, les jardins jouent également sur un effet de sortie : ils sont un espace déviant dans la logique du monde.
L’approche critique proposée par chacun des textes qui composent cet ouvrage s’attache ainsi, en touchant à la spatialité et à la temporalité propres des jardins, à repenser ces derniers comme des lieux hétérotopiques, des contre-espaces, des lieux d’excès, mais aussi comme les lieux d’une «hétérogenèse». Le défi n’est donc pas seulement d’observer et d’explorer l’idée d’un espace qui se distingue de ceux parcourus dans la quotidienneté et qui permettrait de les contester, de les purifier ou de les neutraliser ; mais, par là même, ainsi que l’écrit Félix Guattari, « de se pencher sur ce que pourraient être des dispositifs de production de subjectivité allant
dans le sens d’une re-singularisation individuelle et / ou collective », et ce, en interrogeant une poïétique des jardins. |