L'Actualité de Georg Lukács
Pierre Rusch et Ádám Takács (dir.)
Georg Lukács (1885-1971) a traversé le XXe siècle en prenant
une part active aux événements de son temps : engagé dans la
République hongroise des Conseils de 1919, militant communiste
en Allemagne en 1931-1933, émigré à Moscou pendant les
pires années de la terreur stalinienne, il sera de nouveau prêt à
prendre des responsabilités à Budapest en 1956 et échappera de
peu à la vindicte soviétique. Théoricien de premier plan, il laisse
une série d’oeuvres emblématiques : L’Âme et les formes (1910),
La Théorie du roman (1916), Histoire et conscience de classe
(1923), Le Roman historique (1936), Le Jeune Hegel (1948) et les
grandes sommes de sa vieillesse, encore mal connues, l’Esthétique
et l’Ontologie.
Le colloque réuni à Budapest en octobre 2010 a voulu examiner
tous les aspects de cette œuvre imposante, sous l’angle de leur
actualité pour nous aujourd’hui. Une pensée aussi attentive à la
dimension historique du réel ne peut prétendre valoir absolument,
en dehors du contexte qui l’a vue naître et indépendamment des
questions qui l’ont suscitée. Mais la même historicité fondamentale
fonde aussi notre proximité avec tout ce qui prend l’histoire au
sérieux et cherche à définir les modalités de cette existence que
Lukács décrivait à ses débuts comme un exil, plus tard comme un
combat. Dans le domaine de l’éthique comme dans l’esthétique,
dans la politique et la théorie sociale comme dans l’ontologie,
Lukács a laissé des traces durables et décisives, dont certaines
ne sont peut-être pas encore parues au jour. |